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Rencontre avec Kelly Lin et Nicolas Abdellaziz : ça fait quoi de subir le racisme depuis l’enfance ?

paroleunique

Le racisme envers la communauté asiatique est bien réel mais souvent sous-estimé voire banalisé.


Je me suis entretenu avec Kelly Lin, une amie de longue date, entrepreneuse et militante pour les droits humains. Pour préparer cet échange j’ai fait appel à Nicolas Abdellaziz, membre du bureau national chez SOS racisme. Kelly est d’origine chinoise, et elle en a bavé.


Elle est de la troisième génération d’immigrés de sa famille en France. Son expérience avec le racisme remonte à son tout jeune âge lorsque ses parents ont voulu faire construire leur maison. Son père avait réussi à se faire pas mal d’argent avec son entreprise. Il a donc voulu faire construire une maison pour sa famille dans un quartier résidentiel du Val de Marne. Dès lors, leur clôture a été taguée et le voisinage a lancé une pétition pour empêcher la construction de cette maison. Il leur était insupportable de voir une famille d’origine étrangère s’installer dans leur quartier. Sous la pression, les Lin déménagent et s’installent dans une résidence à St Maur, Kelly a alors 7 ans et son petit frère 3 ans.


Elle me raconte qu’elle était alors sous la surveillance de sa nounou et que des enfants jouaient dans un parc en bas de l’immeuble. Tout naturellement elle a voulu les rejoindre pour jouer avec eux. Les choses ont pris une tout autre tournure. Les enfants, sous les yeux de leurs parents se sont mis à les frapper, à leur tirer les cheveux, sans aucune raison apparente, alors qu’elle criait à l’aide en Chinois (rappelons que le Français n’est pas sa langue maternelle). On peut justifier la bêtise des enfants mais l’inaction des parents reste un grand point d’interrogation pour Kelly.


Elle a encore subi d’autres agressions violentes depuis, les deux dans les transports en commun. La plus mémorable est celle-ci : « J’allais juste en cours. J’étais assise dans la rame quand une vieille dame m’a tapé sur l’épaule et fait des gestes de la main pour me faire comprendre qu’elle voulait que je lui laisse la place ».


Naturellement, Kelly lui a céder la place et lui a fait remarquer qu’elle aurait pu la lui demander poliment. Ce à quoi la charmante dame répond : « Retourne dans ton pays ! » avant de griffer Kelly au visage, sous les yeux des autres voyageurs qui bien sûr ne sont pas intervenus. « J’ai dû aller en classe avec mes plaies sur le visage ».

Elle a à plusieurs reprises tenté de porter plainte mais la police a toujours refusé de prendre ses dépositions en lui disant que c’était une perte de temps et d’argent pour elle comme pour eux. Nicolas Abdellaziz a alors souligné le fait que la police ne peut pas refuser une plainte et a expliquer l’importance de ces démarches :


« Lorsque tu portes plaintes ton signalement est enregistré et donne des données au gouvernement ».


Ces données servent de data pour faire des statistiques, et ces statistiques facilitent la prise de décisions législatives et judiciaires pour le futur. Le bon conseil de Nicolas est le suivant : en cas d’agression, s’il y a des témoins autour de vous, demandez-leur leur numéro de téléphone pour qu’ils puissent fournir un témoignage. Grâce à cela, ce ne sera plus parole contre parole.

Alors qu’est-ce qui fait que la communauté asiatique est si facilement prise pour cible sans pour autant qu’on en parle ?


Selon Kelly, cela serait dû aux stéréotypes qui circulent sur eux. Ils seraient calmes, ne poseraient pas de problème et se laisseraient faire. Elle nous a donné l’exemple de sa mère qui lui dit toujours de « passer au-dessus ». En 2017, les asiatiques de France ont décidé de ne plus « passer au-dessus » après le meurtre raciste de Zang Chaolin.


La principale différence entre les notre génération et celle de nos parents, c’est que nous disposons d’outils de communication extrêmement puissants. Aujourd’hui, un acte xénophobe ne peut plus passer inaperçu. Nous avons tous une communauté sur nos réseaux sociaux avec laquelle nous pouvons partager du contenu éducatif, informatif ou viral sur le sujet. Comme Will Smith a dit « le racisme n’a pas empiré, il est juste filmé aujourd’hui ». Nous sommes capables d’organiser des manifestations sans leader politique, de punir les racistes en leur faisant perdre leur travail ( je pense à la Karen de Central Park qui a littéralement tout perdu après avoir verbalement agressé un homme noir) ou de pourrir le rallye de Donald Trump en réservant des places pour au final ne pas venir. Notre génération est sans doute la plus puissante. Nous avons le pouvoir de faire changer la peur de camp. Mais le chemin reste long et éradiquer les actes de racisme reste un travail de longue haleine.

Nous le prendrons à bras le corps.

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